mardi 4 septembre 2012

Zénophase Athénor de Lalouze

Zénophase était indéniablement un conformiste. Respectueux des traditions et conventions, il manifesta dès sa naissance une méfiance instinctive à l'égard de tout changement. A tel point qu’il redoubla assidûment toutes ses classes jusqu’à l’âge adulte.


A vingt et un ans, il fut décidé par son père Zéphirais Adélias de Lalouze qu’il embrassât la fonction publique, et comme il appartenait à la haute société il devint donc haut fonctionnaire.

Par le jeu des promotions automatiques, et grâce à une incompétence aussi polyvalente qu’absolue, Zénophase gravit tous les échelons de la carrière pour atteindre le poste d’inspecteur des finances où il excella de la même brillante manière.

Sous la double impulsion de son conservatisme flamboyant et de son aversion pour l’effort, le ministère des finances connut une période dorée qui dura trois décennies et qui furent plus tard nommées les trente faramineuses. 

Pour passer le temps, Zénophase taquinait la muse, et écrivit un poème de trente vers à son épouse, au rythme d’un vers par an. La première année de sa prise de fonction, n’ayant écrit qu’un seul vers, ses confrères poètes lui décernèrent le sobriquet de Ténia, qui lui resta sur l’estomac et sur le cœur pour le reste de ses jours.
Il aimait à dire : faut écrire un vers. écrire un vers, quand on est bleu, c'est peindre en or le gris du coeur, accrocher un arc au ciel, planter une graine de lune et voir germer un soleil.

Une partie de son poème posa polémique car Verlaine en attribuait la maternité à Raimbaud,à moins que ce ne fut l'inverse.

Il pleure dans mon bureau
Comme il pleut sur la ville ;
Quel est ce bourreau
Qui torture mon cœur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s’ennuie
S’ennuie si tant de toi
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sa maison
Car ce bureau l’écœure.
Quelle est cette déraison
Travailler tue le bonheur

C’est bien la pire peine
Que de compter les heures
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine !

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