mercredi 4 novembre 2015

Sigismon Afreu


Né vraiment très tôt dans son enfance, vers 1856, et en Autreriche qui pis est, le petit Sigismon Affreu frappa d'emblée les esprits car il était doté d’une architecture cérébrale tripo-nodale, ce qu’on pourrait vulgairement décrire comme des boyaux de la tête faisant des lacs, voire des entrelacs. La complexité de sa pensée et l’aspect de son cerveau (voir ci-dessus) avaient tôt fait à l’école de lui valoir le sobriquet peu amène de « tête de nœud », qui sonne encore plus douloureux en prussien oriental, sa langue natale. 
Une timidité maladive fit que ses congénères l’eurent vite dans le nez (ou quelque appareil olfactif y tenant lieu) car ils sentaient immédiatement en lui le renfermé. Mais cette tournure d’esprit lui permit d’observer et d’écouter ses contemporains comme nul autre. 
Souffrant régulièrement de maux de têtes, et parfois de mots d’auteur, le jeune Sigismon se lança à cervelle éperdue dans les sciences, espérant pouvoir un jour soulager les céphalées qui l’empoisonnaient depuis toujours. 
Âgé de 18 ans il partit de l’Autreriche pour Paris, où il suivit les cours du professeur Cochart, qui travaillait davantage sur le cerveau des autres qu’avec le sien. 
Le grand docteur théorisa immédiatement que les douleurs qu’endurait Sigismon étaient dues aux multiples congestions que les nœuds des ses viscères cérébrales provoquaient. 
Il eut alors la révélation de ce qu’étaient les troubles mentaux. A l’instar du bol alimentaire digéré par les intestins, une idée trop grosse, ou toxique, pouvait occasionner des occlusions mentales ou un empoisonnement du sang, ou les intestins eux-mêmes pouvaient présenter des strangulations bifocales (comme dans le cas du nœud iléosigmoïde) faisant perdre de vue le bonheur du patient, autrement dit, compromettre l’ataraxie dont il pourrait jouir une fois l’homéostasie atteinte. 
Tout comme dans le cas d’une colique, la résolution passant par une plus grande lumière des tuyaux finissait par une logorrhée verbale, une fois le bouchon évacué par le sphincter buccal. 
Il appela cette nouvelle science la psychianalyse (psy de psy, chian de chiant, et nalyse de nalyse), qui se résume à défaire les nœuds des boyaux de la tête.
Sa renommée fut faite le jour où il soigna un psilocybe aquatique de sa phobie de l'eau. Il relata ce succès dans la revue internationale "Psychié magazine" qu'il avait fondée lui-même et à laquelle même des individus n'appartenant pas à sa famille étaient abonnés. Le titre de l'article était : résolution du tourment aqueux ou névrose de l'habitat du psylocibe aquatique.
L’homme n’étant pas encore inventé, il ne put comme son suiveur Freud tout imputer au pénis, et ne fut donc jamais aussi célèbre que l’obsédé viennois.

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